
Ces dernières semaines, Dominique et moi avons eu la chance de vivre dans un lieu d’hébergement écoresponsable qui nous a profondément nourrit. Cette retraite a été pour moi un révélateur de ce lien précieux qui m’unit au vivant et de l’urgence qui m’habite à l’égard de sa protection. À l’issue de ce séjour, il était clair que la préservation des habitats naturels était une mission de vie à laquelle je n’avais pas accordée suffisamment de temps ces dernières années. Il était également clair que le cohabitat ne répondrait pas entièrement à ce besoin, tous les membres de la communauté ne partageant pas mon idéal d’impact minimal. Soit. Je me suis dit que c’était correct. Car vivre dans un cohabitat, c’est aussi accepter d’abandonner son rêve individuel pour contribuer à la construction d’un rêve collectif. À l’avenir, je m’organiserai donc pour nourrir ce besoin vital autrement.
Sereine, j’ai retrouvé avec bonheur ce petit coin de paradis que nous avons choisi de créer, avec ses cohabitants et cohabitantes, sa prairie, son érablière et une zone humide plus sauvage. Pour nourrir mon besoin, je marche en lisière du terrain en appréciant les percées sur la forêt du voisin, un ruisseau, des roches moussus, des arbres tombées qui grouillent de vie et sentent l’humus. Je parcoure les sentiers du marais Provencher et je savoure.
Samedi, lors du brunch campagnard, le Comité infrastructure avait prévu de réduire en morceaux, à l’aide d’un marteau piqueur, les accumulations de béton laissées par l’entreprise qui a coulé la dalle. Pour la 2e fois, au moment de louer aucun n’était disponible. Sans moyen mécanique, Jean et Max ont passablement réussit à réduire le morceau qui était devant le hangar. Il restait toutefois un morceau conséquent difficile à charger dans la remorque. Ils ont donc énoncé l’idée de le remorquer pour le jeter dans la forêt ou le long de la voie ferrée. J’ai fait part de mon désaccord à déverser des matériaux transformés dans la nature, alors qu’ils n’y ont pas d’utilité et ne se dégraderont pas, mais on m’a dit que ce n’était qu’une grosse roche. Je n’ai pas insisté, sans doute aurais-je dû. Ce n’est pas la première fois que je renonce à défendre mon point de vue quand je ne sens pas qu’on y accorde une valeur. Là encore, une pratique CNV aurait sans doute été profitable. Toujours est-il que cette idée de jeter un matériau inerte dans la nature, alors qu’il pourrait être revalorisé via l’écocentre, entrait tellement en contradiction avec mon besoin de protéger la nature, qu’en soirée, j’ai pris mon courage à deux mains. Je suis allée voir Jean pour lui demander de redescendre le morceau de béton près du hangar (il était resté à mi-pente) afin que le comité infrastructure puisse le réduire en morceaux pour l’emmener à l’écocentre avec le reste des matériaux triés à cette fin, tel que prévu initialement. Sans comprendre ma demande, Jean m’a dit qu’il m’avait entendu. Le hic, c’est que depuis, j’ai découvert des morceaux de béton fraichement entassés sur notre terrain, au bord de la voie ferrée.
Première étape de la CNV, explorer ce qui monte en moi: Les sentiments qui m’habitaient étaient l’incompréhension, la colère et la déception. Mes besoins de considération, de respect des décisions (celle du comité infra), de cohérence avec le respect de la nature et sa préservation ainsi que la considération de la dimension collective de la propriété, étaient ceux qui criaient les plus forts.
Alors pour honorer mes besoins, et comme j’en suis la seule responsable, je vais aller récupérer ces morceaux de bétons jetés sur notre terrain (qui est aussi le mien) afin de les envoyer à l’écocentre. Si certaines personnes veulent m’aider, vous êtes les bienvenues. Je pense m’occuper des plus petits vendredi midi (12h30). Pour le plus gros, j’espère juste que le marteau piqueur pourra faire le travail là où il est placé.
Bien à vous,
Catherine
PS : Si mes besoins d’harmonie et de faire ensemble se sont déjà révélés comme de beaux besoins, je viens de réaliser que mon besoin de protéger le vivant l’est tout autant.
Allo Catherine, après la lecture de ton post, j'ai senti le besoin d'aller lire sur la pollution reliée au béton. Les points de vue semblent différer au cohabitat, alors je me suis dit que ce serait bien de mettre un peu de science là-dedans. Sur le site de matériauthèque, il est dit que c'est surtout lors de sa fabrication que le béton est polluant. Après quelques jours de séchage, il n'y a plus d'émanations nocives. Cependant, lors de sa déconstruction, lorsqu'on le concasse, qu'on le charge, le transporte, le décharge, le recycle, il peut émettre de nouvelles particules polluantes nocives pour l'homme et pour l'environnement. Son enfouissement peut aussi générer une certaine pollution.
La réponse à la question, comment disposer…
Pour votre information: il y avait déjà un vieux tas de béton/ciment au sud de la track que la nature a tranquillement recouvert.